vendredi, septembre 13, 2013

La Suisse est un concept en danger


par Liliane Held-Khawam, Economiste d’entreprise 
et fondatrice 
de Pro Mind

Perte de souveraineté. Pillage de la place financière. Pillage de sa monnaie. Pillage de son or. Pillage de ses données. Pillage des droits des citoyens. A toutes ces plaies s’ajoute l’humiliation. Rien n’aura été épargné au peuple suisse! Une des plus anciennes démocraties du monde flanche sous des coups venant de toutes parts. Or, la facilité et la vitesse avec lesquelles tout cela se passe auraient été impossibles sans trahisons internes.
Tout commence le 6 décembre 1992. Le peuple souverain refuse l’adhésion à l’EEE. Le lendemain de ce refus, le Conseil fédéral de l’époque tout dévoué à l’aventure européenne se lance dans une révision de la Constitution. Le peuple souverain pour la dernière fois accepte cette nouvelle mouture se fiant à ses autorités fédérales. Des voix dissonantes se sont certes élevées contre le contenu mais vite étouffées tant ce texte ardu a besoin de spécialistes de haut vol pour le décortiquer… Bref, le jour de l’acceptation de cette nouvelle Constitution, la Suisse est entrée de plain-pied dans l’Union européenne sans le savoir.
Malgré la difficulté du texte constitutionnel, il est simple grâce au traitement informatique de relever qu’un certain nombre de choses ont disparu. Tout d’abord le mot «nation» trônait dans le préambule: «La Confédération suisse, voulant affermir l’alliance des confédérés, maintenir et accroître l’unité, la force et l’honneur de la nation suisse.» Ce mot si cher au cœur des premiers démocrates qu’il a été gravé dans l’art. 3 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 en lettre majuscule! En 1999, il a été remplacé par «communauté» et «vivre ensemble», valeurs chéries par les mondialistes.
La souveraineté des peuples n’est pas en reste. Elle qui définit la démocratie a aussi été retouchée. Ainsi, le premier article de l’ancienne Constitution qui disait «Les peuples des vingt-deux cantons souverains de la Suisse» a été remplacé par «Le peuple suisse et les cantons… (liste) forment la Confédération suisse». Les principes de peuple souverain et de nation – fondateurs de toute démocratie – ont donc été enterrés.

Dans l’ancienne Constitution, la conclusion de traités internationaux relevait du référendum obligatoire. Depuis le 1er août 2003, l’art. 166 al. 2 de la Constitution est le suivant: «Elle (Assemblée fédérale) approuve les traités internationaux, à l’exception de ceux dont la conclusion relève de la seule compétence du Conseil fédéral en vertu d’une loi ou d’un traité international.» Aujourd’hui c’est l’Assemblée fédérale ou le peuple qui doivent fournir l’effort de collecte de signatures pour exiger un référendum… Les signatures des conseillers fédéraux ont donc depuis valeur d’or. Il suffit de faire placer la bonne personne au bon endroit. Un régime autoritaire peut dès lors se déployer. La Lex USA est un des innombrables exemples qui choquent le citoyen.
Avec cette nouvelle Constitution, on voit apparaître un phénomène inconnu jusqu’alors. Le poids direct des partis politiques et des lobbies. L’art. 147 se présente ainsi: «Les cantons, les partis politiques et les milieux intéressés sont invités à se prononcer sur les actes législatifs importants et sur les autres projets de grande portée lors des travaux préparatoires, ainsi que sur les traités internationaux importants.» Les lobbies sont les bienvenus dans la Constitution! Les partis politiques dont le financement est garanti en partie par les banques y sont aussi reconnus! Il faut y reconnaître une avancée spectaculaire. Le bétonnage à tout va du paysage suisse, couvert de grues n’est qu’un des effets visibles de cette révolution d’un Etat-business qui s’approprie tout sur son chemin.
La nouvelle Constitution a donc morcelé la souveraineté légendaire du peuple suisse. Une partie a été transférée de facto aux conseillers fédéraux. La BNS a bénéficié d’un autre bout de la souveraineté qui lui a donné la possibilité pêle-mêle de vendre de larges parties des réserves d’or à un prix ridiculement bas. Elle a pu vendre des actifs sérieux, faire fonctionner la planche à billets et noyer le franc suisse par des euros, créer artificiellement un bilan géant, déconnecter la monnaie de la production réelle… Ce faisant elle participait fortement au sauvetage des banques de la zone euro et des dettes européennes pourries, faisant porter tous les risques au seul citoyen-contribuable. A aucun moment elle n’a cherché à réduire ses risques par la création d’un fonds souverain, la vente d’euros. Aujourd’hui, en cas de suppression de dettes européennes le peuple suisse sera le premier à trébucher. Cela pourrait même, selon l’importance, le jeter dans les bras des marchés financiers au même titre que ses voisins. Le seul souci de ces dernières années de la BNS s’appelle le sauvetage des «too big to fail», banques répertoriées par l’administration américaine en 2010. En revanche, si on parle au patron de la BNS du sauvetage éventuel d’une banque cantonale, il répond que la BNS n’a pas pour vocation de sauver des banques… Cherchez l’erreur… L’intérêt public a changé de nature de même que la souveraineté du pays a été «disloquée et délocalisée».

La justice n’est pas en reste. L’art. 139 al. 3 touche la démocratie directe ainsi: «Lorsqu’une initiative populaire ne respecte pas le principe de l’unité de la forme, celui de l’unité de la matière ou les règles impératives du droit ­international, l’Assemblée fédérale la déclare totalement ou partiellement nulle.» L’art. 190 complète ainsi l’entrée en force du droit international – comprenez européen – en Suisse: «Le Tribunal fédéral et les autres autorités sont tenus d’appliquer les lois fédérales et le droit international.» Les articles continuent en faveur du droit international en cas d’initiative et de révision de la Constitution. Berne est devenu en quelque sorte une succursale de Bruxelles. Quand on sait à quel point Bruxelles légifère sur les détails du quotidien de la vie…
Bruxelles, ce lieu où les dirigeants ne sont pas élus et où les lobbies sont chez eux, a gagné ce que le peuple suisse a perdu en souveraineté. Est-il alors étonnant de constater la disparition du mot Nation et la remise en question de la souveraineté dans la nouvelle Constitution? La Suisse est en train de disparaître en tant qu’Etat-Nation souverain et démocratique au nez et à la barbe du peuple. Il ne reste plus qu’à supprimer l’armée, ciment culturel du pays. On est en droit de s’inquiéter pour l’avenir de nos enfants.

vendredi, août 23, 2013

La professionnalisation de la vie politique mène à la ruine

Par Patrick de Casanove, Président du Cercle Frédéric Bastiat. (article paru dans le journal Le Temps le 23 août 2013)

En France, c’est le marxisme. Le socialisme favorise l’apparition d’une nomenklatura de dirigeants privilégiés dont le but est de garder le pouvoir

Que les ministres planchent sur ce que sera la France en 2025 n’est pas fait pour rassurer. Ils sont incapables de résoudre les problèmes de la France d’aujourd’hui. Et pour cause: les politiques qu’ils ont suivies depuis des dizaines d’années en sont responsables. On peut rentrer dans le détail des raisons pour lesquelles la France est dans une situation difficile: dépenses publiques excessives, prélèvements confiscatoires, réglementation asphyxiante, etc. Il en existe une importante et souvent négligée: la professionnalisation de la vie politique.
Nous savons depuis Bastiat que les politiciens, les agents de l’Etat, sont mus par l’intérêt personnel comme les autres hommes. Buchanan formalisera cela dans la «théorie des choix publics». Il recevra le Prix Nobel.
L’homme politique étatiste s’appuie sur des théories économiques, philosophiques, religieuses qui magnifient le rôle de l’Etat, du législateur, du prince ou du guide. En France, c’est le marxisme. Le socialisme favorise l’apparition d’une nomenklatura de dirigeants privilégiés dont le but est de garder le pouvoir. Le politicien doit donc bâtir une carrière politique comme d’autres bâtissent une carrière professionnelle.
La professionnalisation favorise le conformisme. Pour faire carrière, le politicien ne fait pas de vagues, rentre dans le moule, trouve un tuteur. Cela exclut les innovations, les idées qui s’écartent de «la ligne» ou qui sortent des cadres de référence. Il satisfait des groupes de pression, des clientèles, achète des voix. Bien entendu, la justification est altruiste: l’intérêt général, la justice sociale, l’éradication de la misère, l’égalité, la lutte contre le chômage, etc. Pour faire carrière, le politicien montre qu’il sert à quelque chose. Il intervient donc sur tout et n’importe quoi. La réglementation de la vie privée ne crée que des faux droits des uns aux dépens des autres, ce qui détruit le lien social. L’invasion de la vie privée entraîne l’inflation réglementaire et législative. La moindre action, la plus petite initiative en France, est soumise à une loi ou à un règlement. L’existence de ces autorisations et interdictions arbitraires est la source de la corruption. Pour faire tourner l’Etat de plus en plus obèse, il faut une machine administrative de plus en plus lourde. Ce qui augmente son temps de réaction, son inefficacité et sa nocivité. Pour financer cette immense machine et empêcher les individus d’agir selon leurs propres choix, il faut des moyens gigantesques. Que ce soit pour le fonctionnement ou pour la redistribution à la clientèle. Cela induit la fiscalité écrasante.

Dans l’économie réelle, l’amélioration importante des rémunérations en entreprise dépend de l’accession à un poste supérieur, mieux rémunéré. Il en est de même en politique. Le cumul des mandats ou un mandat «supérieur» font partie de l’avancement du politicien. Pour cumuler des mandats, il faut en créer, d’où un millefeuille administratif. Celui-ci n’est donc pas prêt de disparaître. L’arrivée de jeunes loups n’est pas bonne pour les caciques. Très ambitieux et voulant aussi faire carrière, ils prendront des places aux anciens, nuisant ainsi à l’avancement de ces derniers. La classe politique se renouvelle peu.
Il faut durer donc influencer l’éducation et les médias pour que les gens restent soumis, voire consentants, ce qui est le mieux.
Dans cette situation, la réduction des dépenses publiques, la simplification administrative, l’absence de corruption ne sont que des incantations.
La base de toute solution est de définir qui fait quoi. A l’Etat les fonctions régaliennes, le filet de sécurité qui vient en aide aux personnes dans le besoin et finance la transition d’un régime totalitaire mou vers un régime de libre choix. Aux citoyens la liberté économique (qui va au-delà de l’économie stricte).
Grâce à cela, les hommes politiques n’auront plus de soucis de carrière. Rares seront ceux que leur activité politique occupera à plein temps. Ils auront la nécessité d’avoir un vrai métier, ce qui leur permettra de ne pas être coupés des réalités de manière bien plus efficace que le cumul d’un mandat local et d’un mandat national. Il semble judicieux qu’avant d’aller réglementer la vie des autres, il soit indispensable d’avoir donné les preuves de ses capacités à mener sa barque dans une activité économique utile. Cette expérience de la vraie vie sera plus formatrice pour le gouvernement des hommes que tous les cours théoriques dispensés en école spécialisée, aussi prestigieuse soit elle. Les règlements et l’intervention infinie de l’Etat dans la sphère privée créent corruption et conflits d’intérêts. Quand chacun est libre de choisir sa vie, il n’y a pas de corruption parce qu’il n’y a personne à corrompre. Avoir un vrai métier ne crée pas de conflits d’intérêts puisque le domaine d’intervention des politiciens ne concerne pas l’économie. Les conflits d’intérêts disparaissent naturellement, y compris pour les fonctionnaires qui vivent de redistribution. Ainsi, ceux qui font les normes, lois et règlements ne sont pas soumis aux lobbies de ceux qui les subissent ou en profitent. Les domaines d’intervention étant limités, les politiciens sont moins nombreux et la machine administrative s’allège. La simplification administrative est logique et inévitable, le millefeuille disparaît.

Cerise sur le gâteau, la liberté économique et le libre choix permettent la meilleure affectation des moyens sans gaspillage. La prospérité est à la clé. La politique économique et les constructions artificielles ne peuvent obtenir ce résultat. Les filières d’avenir décidées par l’Etat et aussitôt oubliées, les multiples plans inefficaces et coûteux, les politiques publiques volontaristes et ruineuses, les déficits publics et la dette le rappellent tous les jours.
La Suisse avec son système de politiciens «miliciens» peut servir d’exemple. La taille du pays n’a pas d’importance parce que seuls les individus sont les acteurs réels de la société, quelle qu’en soit la taille.

mercredi, août 14, 2013

"Démocratie" ou Libéralisme ?

Je me permet de vous inviter à lire ci- après l'excellente recension que Francis Richard a fait de l'ouvrage de Frank Karsten et Karel Beckman "Dépasser la Démocratie".

"La démocratie est-elle l'horizon indépassable de la liberté? Deux auteurs néerlandais, Frank Karsten et Karel Beckman, font la démonstration, accessible à tous, du contraire.

Ainsi la démocratie représentative, basée sur la tyrannie du nombre, conduit-elle tout droit à la croissance de l'Etat, qui se transforme mécaniquement en Etat-providence, sans échappatoire, et remet-elle en cause la prospérité.

Dans leur livre iconoclaste, Dépasser la démocratie, ces deux auteurs démontent d'abord 13 mythes qui fondent la religion séculaire de la démocratie, telle que nous la connaissons dans les Etats-nations.

Puis ils démontrent que plus de démocratie se traduit par moins de liberté et moins d'harmonie.

Enfin ils proposent une alternative qui met en avant la liberté individuelle.

Quels sont ces 13 mythes de la démocratie?

1. Chaque vote compte: un vote sur des millions n'a aucune influence réelle et ne constitue qu'une vague préférence: "Il existe rarement une personne ou un parti avec lesquels vous êtes d'accord sur tous les sujets." Une fois que vous avez voté, on prend à votre place pendant des années (quatre ou cinq) de multiples décisions auxquelles vous n'avez pas donné votre accord.
2. Dans une démocratie le peuple gouverne: en réalité, ce n'est pas le peuple dans son entier qui gouverne, mais tout au plus une majorité d'électeurs, représentés par un plus petit nombre d'hommes politiques qui décident à leur place, souvent contre leur volonté, sous la pression de lobbys, de groupes d'intérêts et d'activistes.
3. La majorité a raison: "une chose n'est pas vraie par le simple fait que de nombreuses personnes croient en sa véracité.". De plus "[les gens] espèrent partager la charge avec d'autres et profiter d'avantages payés par d'autres" et "la quantité l'emporte sur la qualité". Ce n'est donc ni rationnel, ni moral.
4. La démocratie est politiquement neutre: "sur le long terme les démocraties occidentales ont constamment avancé dans la direction d'une plus forte interférence étatique, d'une plus grande dépendance envers l'Etat et d'un plus haut niveau de dépenses publiques."
5. La démocratie mène à la prospérité: il n'y a pas corrélation entre pays démocratiques et prospérité. L'évolution récente prouve même l'inverse: "Le secteur privé s'érode progressivement, dans un processus menaçant de détruire la richesse formidable créée par l'Occicent pendant des siècles."Dans une démocratie, "les citoyens sont incités à obtenir des avantages au détriment des autres" et les hommes politiques "à dépenser autant que possible, afin de pouvoir obtenir les mérites et laisser leurs successeurs payer la note".
6. La démocratie est nécessaire pour assurer une juste distribution des richesses et pour venir en aide aux pauvres: la distribution des richesses, sous forme de subventions, de privilèges et d'emplois, se fait sous la pression de lobbys: "Dans ce système, le parasitisme, le favoritisme, et la dépendance sont encouragés, tandis que la responsabilité individuelle et l'autonomie sont découragés." Pour aider les gens incapables de subvenir à leurs propres besoins, "il n'est pas nécessaire de créer la machine redistributive massive de nos démocraties. Cela peut être fait par des institutions privées de charité".
7. La démocratie permet de vivre tous en harmonie: "l'une des conséquences malheureuses du système démocratique est que les gens sont incités à former des groupes qui entreront nécessairement en conflit avec d'autres groupes. Il en est ainsi parce que vous n'avez aucune chance de transformer vos idées en loi qu'en faisant partie d'un groupe (ou d'un bloc d'électeurs)."
8. La démocratie est nécessaire pour créer un sentiment de communauté: "la démocratie est une organisation dont l'adhésion est obligatoire. Une véritable communauté repose sur la participation volontaire."
9. La démocratie signifie la liberté et la tolérance: "la liberté signifie que vous n'avez pas à faire ce que la majorité de vos semblables veut que vous fassiez, mais que vous pouvez décider pour vous-même." Les démocraties protègent quelques minorités et d'autres pas, limitent la liberté d'expression par de nombreuses exceptions.
10. La démocratie favorise la paix et aide à lutter contre la corruption: historiquement les démocraties ne sont pas pacifiques les unes avec les autres (voir les belligérants de la Grande Guerre) ou les récentes guerres (entre Russie et Géorgie ou entre Israël et Liban). "La corruption est inévitable là où l'Etat a beaucoup de pouvoir, quel que soit le système politique, et cela inclut évidemment la démocratie."
11. Dans une démocratie les gens obtiennent ce qu'ils désirent: en fait, c'est le contraire, parce que plus de démocratie conduit à plus de bureaucratie et à plus d'entraves pour le marché : "Le marché libre ne fonctionne pas par des processus démocratiques. Pourtant, dans un sens, le marché libre est plus "démocratique" que la démocratie car les citoyens peuvent faire leurs propres choix plutôt que d'avoir le gouvernement qui choisit pour eux."
12. Nous sommes tous favorables à la démocratie: parce que nous n'avons pas le choix, sinon. "En fait de nombreux démocrates bien-pensants seraient sans doute heureux d'échapper aux mesures qu'ils sont censés avoir choisies par les urnes."
13. Il n'y a pas de meilleure alternative: "nous n'utilisons pas la démocratie dans le domaine scientifique, nous ne votons pas sur la vérité scientifique, mais nous utilisons la logique et les faits. Il n'y a donc aucune raison de penser que la démocratie est nécessairement le meilleur système politique." De fait, "plus un Etat démocratique est grand et plus sa population est hétérogène, plus des tensions naîtront. Les différents groupes d'un tel Etat n'hésiteront pas à utiliser le processus démocratique pour piller les autres autant que possible, et pour interférer avec eux. A l'inverse, plus les unités administratives sont petites et plus la population est homogène, plus il est probable que les excès de la démocratie restent limités. Les gens qui se connaissent personellement ou se sentent liés les uns aux autres sont moins enclins à se voler et à s'opprimer les uns les autres".

Cette démythification est nécessaire et montre que la démocratie est intrinsèquement collectiviste:

"Les gens dans une démocratie se tournent naturellement vers l'Etat pour qu'il prenne soin d'eux."

Les hommes politiques, pour avoir la faveur des électeurs, jettent de l'argent sur les problèmes, réglementent à tout va et créent des commissions pour mettre en oeuvre leurs règles et réglementations. Il ne faut pas s'étonner que les bureaucraties fleurissent, que les parasites qui doivent leur existence à l'Etat pulullent, que les hommes politiques soient saisis par la mégalomanie et que des citoyens toujours plus nombreux deviennent des assistés.

L'Etat-providence encourage ceux qui en profitent et décourage ceux qu'il spolie. Le nivellement se fait par le bas. "Les désaccords privés sont continuellement transformés en conflits sociaux". "Tout le monde se sent poussé et encouragé à imposer sa vision du monde aux autres". Les hommes politiques ont une vue à court terme, celui de leurs échéances électorales et dépensent sans compter pour être réélus. L'argent manque? Ils augmentent les impôts, puis empruntent, enfin font tourner la planche à billets, c'est-à-dire pratiquent le vol légal d'une manière ou d'une autre.

Le mécontentement est général. Plus personne n'a confiance. Peu de gens remettent en cause l'origine principal des maux qu'ils subissent, la nature collectiviste de la démocratie. La situation est mûre pour l'appel à l'homme providentiel, au dictateur bienveillant:

"Fini les débats sans fin, l'indécision, la querelle , l'inefficacité. Mais ce serait une bien mauvaise affaire. Nous recevrions l'ordre public, c'est vrai. Mais le prix serait la fin de la liberté, du dynamisme et de la croissance."

Il existe une autre voie, celle de la décentralisation du pouvoir et de la liberté individuelle:

"La décentralisation, contrairement à la démocratie nationale, est un système de "vivre et laisser vivre". Alors laissons fleurir un millier de nations.
La diversité dans la gouvernance implique que les gens peuvent décider plus facilement sous quel système ils souhaitent vivre."

Les auteurs donnent l'exemple de la Suisse avec ses vingt-six cantons, ses 2'900 communes, ses impôts versés majoritairement au niveau cantonal et communal, et non pas fédéral, ses différentes réglementations qui se font concurrence, sa non-appartenance à l'Union européenne.

La Suisse est en effet "un pays qui réussit très bien":

"Au niveau mondial elle est dans le peloton de tête en termes d'espérance de vie, de niveau d'emploi, de bien-être et de prospérité. Elle est l'un des rares pays au monde qui n'a pas connu de guerre depuis plus d'un siècle. Malgré l'existence de quatre langues (allemand, français, italien et romanche), il y a beaucoup d'harmonie sociale."

Les auteurs ne préconisent pas la Suisse "comme un idéal ou comme la seule option":

"Mais c'est un exemple qui montre comment le pouvoir décentralisé pourrait fonctionner et comment il conduit à une baisse des impôts et à une plus grande liberté individuelle."

Pour les auteurs la société idéale serait la suivante:

"En fait, notre société idéale et libre serait semblable au modèle sur lequel est basé Internet. Avec Internet quelques règles s'appliquent. Elles sont simples à respecter. Pour le reste, chacun peut participer à sa guise."

Transposé, cela donne:

"Dans une société libre, la règle principale est de ne commettre ni fraude, ni violence, ni vol. Tant que les gens s'en tiennent à cette règle, ils peuvent offrir tous les services, y compris ceux qui sont considérés comme des "services publics". Ils peuvent également créer comme ils l'entendent leurs propres communautés - monarchiste, communiste, conservatrice, religieuse ou même autoritaire, pour peu que leurs "clients" adhèrent volontairement et pour peu qu'ils laissent les autres communautés tranquilles."

Cette société libre serait contractuelle:

"Une société devrait être fondée sur des contrats où les droits sont respectés et où toutes les parties savent à quoi s'en tenir."

Les auteurs sont confiants et pensent que leur société idéale n'est pas utopique. Ils placent leur espoir dans la technologie pour y parvenir:

"En réalité, la technologie est la véritable force de démocratisation, bien plus que le système démocratique lui-même."

Ils appellent de leurs voeux la constitution de petites unités administratives:

"Nous croyons que l'Etat-nation et la démocratie qui va avec sont des institutions du XXe siècle, pas du XXIe siècle. Le chemin vers l'autonomie et l'autogouvernement continuera, mais il ne passera pas par les larges démocraties. Il passera par la décentralisation et par l'organisation des personnes en plus petites unités administratives, conçues par les gens eux-mêmes."

Le préalable se trouve dans leur conclusion:

"Il est temps de nous libérer de la tyrannie de la majorité. Nous n'avons rien à perdre, à part les chaînes qui nous lient les uns aux autres."

Francis Richard

Dépasser la démocratie, Frank Karsten et Karel Beckman, 144 pages,Institut Coppet

jeudi, juin 20, 2013

Travail au Noir (point en 2013)



Emmanuel Garessus, excellent journaliste du Journal « le Temps » de Genève publiait dans la parution du 19 juin dernier une recension d’un travail de l’Institut of Economic Affairs, (http://www.iea.org.uk) sur le travail au Noir dans le monde.

Comme nous le savons tous ici, « Un problème posé, c’est déjà la moitié de la solution qui est trouvée ».

Dans cet ouvrage, les principales causes de cet état de fait sont analysées dans le monde. Dans certains endroits, c’est déjà la difficulté d’enregistrer son activité qui est en cause, mais bornons-nous à essayer de voir ce qui est en cause en France.

Cette étude montre que dans l’UE la cause majeure est dans l’ordre, la lourdeur des impôts et des taxes, puis la morale fiscale, la qualité des institutions publiques et enfin la réglementation du marché du travail. Tout est dit.

Et on voit bien d’ailleurs en France où dans le régime des auto-entrepreneurs, la plupart de ces freins étaient levés, ce fut (parce qu’il est à craindre que ce statut fasse long feu), un vrai engouement. Mais qui a montré que des millions de français étaient prêts à se prendre en charge sans assistance de l’Etat pour gagner leur vie. Et que du travail il y avait, pour autant que son coût ne soit pas obéré par des charges le rendant impossible.

Qualité des institutions publiques en France d’abord parce que les politiciens en font un total et obligatoire outil de redistribution. Et il en va ainsi, dans ce dévoiement, pour la totalité des aides de l’Etat, que ce soit pour le logement, les allocations familiales, la sécurité sociale ou autres retraites. Toutes les charges sociales qui alourdissent en France le coût du travail seraient bien moins importantes si les ayant droits n’étaient que les cotisants. Et « les vaches seraient mieux gardées ».

Si l’Etat français – lui qui prône la transparence sur bien d’autres sujets moins pertinents - inscrivait dans un chapitre budgétaire tout ce qu’il doit payer aux « sans droits », déjà du fait de ses largesses démagogiques (avec l’argent des autres), les choses seraient plus claires et ceux qui continueraient à voter pour eux pourraient se targuer de participer à un vrai choix démocratique.

Mais avec tout cela se dessine, d’abord à l’intention de ceux qui ne l’avaient pas encore compris, les solutions pour demain. Baisse du coût du travail en ne lui imputant qu’une protection sociale qu’à ses ayant droits. Ceci va mécaniquement avoir l’avantage de permettre l’embauche de plus de personne et réduire la contrepartie du travail au noir correspondant. La baisse des impôts quant à elle, ne pourra être mise en œuvre que par une baisse des besoins de l’Etat, ce qui passe immanquablement par une optimisation des services rendus par ces institutions et leur mise en concurrence. Ce sera aussi 2 millions de fonctionnaires en moins au bas mot, mais qu’est-ce, ce retour à plus de normalité et d’efficience face aux millions de chômeurs en France, ce que ne rendent pas d’ailleurs les statistiques que l’on nous sert. Et que l’on ne vienne pas me dire que cela fera 2 millions de chômeurs de plus puisque et le coût du travail baissant, les impôts et la mise en concurrence vont accroître de facto l’activité économique d’une manière notable. Mais au seul bénéfice de ceux qui, pouvant travailler, travaillent.

Si défense de la démocratie il doit y avoir en France, celle-ci se manifestant comme on le voit par un vote « avec des mouvements physiques » comme le travail au noir ou l’adhésion au statut d’auto-entrepreneur ou bien plus grave pour ceux qui le peuvent par une expatriation des forces vives et entrepreneuriales de la France, comment faire pour rétablir un juste équilibre de toute cette activité économique en France ? Simplement en mettant en place des structures qui vont répondre à tous ces freins énoncés plus haut et qui feront que demain, les français vont trouver un intérêt certain et personnel à travailler sur le territoire français. Et ce faisant, vont faire repartir d’une manière radicale la machine économique de la croissance.

Et pour parfaire cette partition et ramener des milliers de milliards d’euros dans les caisses de nos banques pour le bienfait de cette même activité économique française, il faut faire repartir la confiance des épargnants et des capitalistes français pour qu’ils soient encore plus nombreux à financer notre économie. Une seule chose à faire, qui est peut être une rengaine chez moi, établir ou rétablir, je ne sais, un véritable secret bancaire en France et déjà vis à vis du Trésor Public !

Quel formidable « moment » de démocratie cela serait. Si personne n’avait intérêt à frauder le fisc, déjà parce qu’il trouverait son compte dans les contreparties de ses impôts, cela serait bien à un vote d’adhésion auquel on assisterait. Ce ne sera pas, comme la montré cette gestion dans le milieu bancaire suisse, la porte ouverte aux blanchiments d’argent délictueux auquel on assisterait.

Et cela serait aussi remettre l’individu-citoyen au centre de notre société, place qu’il n’aurait jamais dû quitter. Au delà de toute idéologie, c’est aussi la seule solution « économique » qui marche. Qui peut, au fil de siècles d’Histoire, justifier du contraire ?

lundi, avril 08, 2013

La Démocratie contre la Liberté. par Damien Theillier



1614 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes

« Il y a une différence entre démocratie et liberté.
La liberté ne se confond pas avec la possibilité de voter.
Elle doit être jugée en considérant la quantité de sujets sur lesquels nous ne votons pas. »
John T. Wenders

L’affaire Cahuzac pourrait nous faire penser que si les choses vont mal dans nos démocraties, c’est parce que des hommes mauvais sont au pouvoir. Changeons donc les hommes et tout ira mieux. Le problème serait de nature uniquement morale. Cette thèse a le mérite de la simplicité mais elle est fausse.

Posons-nous la question suivante : Et si les difficultés de nos sociétés (chômage, inflation, dette) n'étaient pas dues à la méchanceté de certains hommes, ni à la faillite de l’économie de marché (gouvernée par la « cupidité » de certains hommes) mais à la défaillance structurelle de nos institutions politiques ? Telle est l’hypothèse iconoclaste de Dépasser la démocratie, un livre de deux hollandais, Frank Karsten et Karel Beckman, qui vient d’être traduit en français par Benoît Malbranque sous l’égide de l’Institut Coppet. Selon eux, c’est la démocratie elle-même qui produit le déclin de la civilisation, au sens d’un affaiblissement généralisé des idées de liberté et de responsabilité.

La démocratie est née à une époque où l’État était relativement faible. Un siècle et demi de démocratie a néanmoins conduit à une expansion considérable de l'État dans tous les pays démocratiques. Elle a également conduit à la situation dans laquelle nous ne devons pas seulement craindre l'État, mais aussi nos concitoyens, qui sont en mesure de nous asservir par les urnes. Bien entendu, si la démocratie consistait à garantir les libertés individuelles, elle serait une chose souhaitable. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Il semble bien que la démocratie ne produise pas le maximum de liberté compatible avec l’ordre social mais tout au contraire le maximum de servitude compatible avec l’ordre social.



Les auteurs montrent en effet qu’un système de choix collectifs fondé sur des votes à la majorité des voix ne permettra jamais de dégager des solutions à long terme aux problèmes soulevés par la vie en société. Au contraire, il produira de plus en plus de dépenses publiques et de contrôles sur les individus. En effet, la démocratie est un système politique dans lequel les candidats achètent des voix au moyen de promesses de biens publics et de subventions. Ils cherchent à maximiser le nombre de leurs électeurs en adaptant l’offre de biens publics à la demande des groupes de pression. « Ce qui règne en démocratie n'est pas « la volonté du peuple » mais la volonté des hommes politiques, elle-même guidée par les groupes de lobbyistes professionnels, les groupes d'intérêts et les activistes. » (Dépasser la démocratie)

Dans notre société, la croyance aveugle en la démocratie n'est pas si évidente. Il s'agit en fait d'un phénomène assez récent. Cela pourra apparaitre comme une surprise pour beaucoup de lecteurs, mais les pères fondateurs des États-Unis — des hommes comme Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et John Adams — étaient sans exception opposés à la démocratie. De même, le système politique que Benjamin Constant, Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat appelaient de leurs vœux était une république constitutionnelle limitée, restreinte à la protection des droits individuels. Dans un tel système, la règle de la majorité s'applique uniquement à la sélection des représentants. Mais la majorité n'a rien à dire sur les principes fondamentaux régissant la société comme le gouvernement. Elle n'a pas le pouvoir de demander ou d’obtenir la violation des droits individuels.

À l’origine bien sûr, le rôle des institutions démocratiques était de limiter et de contrôler l'État. Malheureusement, la démocratie est devenue un instrument de contrôle de la sphère privée. Les totalitarismes du XXe siècle étaient le résultat de l'emprise du pouvoir politique sur les individus et de la sphère publique sur la sphère privée. Or la démocratie du XXIe siècle s’inscrit dans la continuité de ce modèle. Pas de manière sanglante, ni de façon abrupte. Mais graduellement, petit à petit. C’est un totalitarisme « soft », d’autant plus insidieux qu’il est supportable et procure l’illusion de la sécurité.

Ce livre est construit en trois parties


Dans la première partie, il étudie notre foi en ce dieu de la démocratie parlementaire. Comme toute religion, la démocratie a son ensemble de croyances — des dogmes qui semblent être des faits indiscutables pour tout le monde. Ceci est présenté sous la forme d’une liste de 13 mythes populaires sur la démocratie :


Mythe 1. Chaque vote compte.

Mythe 2. Dans une démocratie, le peuple gouverne.

Mythe 3. La majorité a raison.

Mythe 4. La démocratie est politiquement neutre.

Mythe 5. La démocratie mène à la prospérité.

Mythe 6. La démocratie est nécessaire pour assurer une juste distribution des richesses et pour venir en aide aux pauvres.

Mythe 7. La démocratie est nécessaire pour vivre tous en harmonie.

Mythe 8. La démocratie est nécessaire pour créer un sentiment de communauté.

Mythe 9. La démocratie signifie la liberté et la tolérance.

Mythe 10. La démocratie favorise la paix et aide à lutter contre la corruption.

Mythe 11. Dans une démocratie, les gens obtiennent ce qu'ils désirent.

Mythe 12. Nous sommes tous favorables à la démocratie.

Mythe 13. Il n'y a pas de (meilleure) alternative.

Dans la seconde partie, les auteurs décrivent les conséquences pratiques du système démocratique. Ils montrent pourquoi la démocratie mène inévitablement à la stagnation économique et quels sont les éléments qui la rendent inefficace et injuste. « Il est temps pour les gens d’ouvrir les yeux sur le fait que la démocratie ne conduit pas à la liberté ni à l'autonomie. Elle ne résout pas les conflits et elle ne libère pas les forces productives et créatives. Bien au contraire. La démocratie crée des antagonismes et des restrictions. Les aspects centralistes et compulsifs de la démocratie provoquent un chaos organisé, alors que la liberté individuelle et la dynamique du marché désorganisé provoquent un ordre spontané et la prospérité. »

Dans la troisième partie, ils posent les bases d’une alternative à la démocratie, un système politique basé sur l’autodétermination de chaque individu, caractérisé par la décentralisation, la gestion locale et la diversité. Dans une société libre, la règle principale serait de ne commettre ni fraude, ni violence, ni vol. Tant que les gens s'en tiennent à cette règle, ils pourraient offrir tous les services, y compris ceux qui sont aujourd’hui considérés comme des « services publics ». Ils pourraient également créer comme ils l’entendent leurs propres communautés — monarchiste, communiste, conservatrice, religieuse ou même autoritaire, pour peu que leurs « clients » adhérent volontairement et pour peu qu'ils laissent les autres communautés tranquilles. En fait, une société idéale et libre serait semblable au modèle sur lequel est basé Internet. Avec Internet, seules quelques règles s’appliquent. Elles sont simples à respecter. Pour le reste, chacun peut participer à sa guise.


Dans une société libre, le vote est un mécanisme approprié pour la sélection de ses représentants politiques mais non, comme le veut la démocratie, de ses principes éthiques et politiques. Il faut donc limiter le pouvoir du gouvernement à une seule fonction : la protection des droits individuels. C'est le vrai sens de la liberté, tel qu’il a été si bien compris et exposé par Frédéric Bastiat au XIXe siècle.

L’approche libertarienne de la démocratie

Dépasser la démocratie a été écrit dans une perspective libertarienne. Le libertarianisme est une philosophie politique fondée sur la propriété de soi, c'est-à-dire sur le droit que chaque individu a sur son propre corps et sur sa vie, et donc sur les fruits de son travail. L'alternative à l’autogouvernement est que les gens décident de la vie et du travail des autres (ou — mais cela est tout à fait irréaliste — que tout le monde décide pour tout le monde). Selon le libertarianisme, une telle situation est injuste. Il est basé sur le principe que les individus n'ont aucune obligation de se sacrifier pour le collectif, comme c'est le cas dans les systèmes socialistes, fascistes ou démocratiques.

Pour les libertariens, la liberté individuelle (propriété de soi) ne signifie pas le « droit » au travail, à l'éducation, aux soins de santé, au logement ou à quelque autre bien, étant donné que ces « droits » impliquent pour les autres le devoir de fournir ces prestations. Si une personne est obligée de se sacrifier pour les autres, ce n'est pas la liberté, mais l'esclavage. La liberté signifie que chacun a le droit de faire ce qu’il souhaite avec sa vie et ses biens, tant qu'il n'interfère pas avec la vie et la propriété d'autrui. En bref, les libertariens sont contre l’initiation de la force physique.

En définitive, ce que montre ce livre, c’est que la ligne de clivage qui séparait jadis les partisans de la monarchie et ceux de la démocratie s’est déplacée. Où passe-t-elle désormais ? De nos jours, le véritable clivage est celui qui oppose les défenseurs de l’association volontaire aux défenseurs du collectivisme forcé, ceux qui ont confiance en la capacité des individus à s’organiser librement par eux-mêmes et ceux qui pensent que le collectivisme social-démocrate est la fin de l’Histoire. Toute la troisième partie de Dépasser la démocratie est justement consacrée à l’élaboration des grandes lignes de cette alternative à la démocratie : « Nous croyons que l'État-nation et la démocratie qui va avec sont des institutions du XXe siècle, pas du XXIe siècle. Le chemin vers l'autonomie et l’autogouvernement continuera, mais il ne passera pas par les larges démocraties. Il passera par la décentralisation et par l'organisation des personnes en plus petites unités administratives, conçues par les gens eux-mêmes. »



Lire l’introduction du livre

Mythes 1 et 2

Voir le site : http://depasserlademocratie.fr


mercredi, avril 03, 2013

La leçon Cahuzac



J’essaye de regarder plus loin que le chiffon rouge que les médias se plaisent à agiter devant nos yeux. Je ne suis pas Médiapart et n’ai pas d’informations sensationnelles à sortir de mon chapeau. Je n’essaye qu’à mettre bout à bout et au fil des années, toutes les informations que les médias finissent par « sortir ».

Et tout ceci me conduit à voir dans cette affaire un plus grand scandale encore que ne peut l’être le mensonge de Cahuzac ou encore la « possession d’un compte non déclaré en Suisse.

Quand en mars 2007 dans une interview du journal Coopération distribué en Suisse chaque semaine par millions d’exemplaires gratuitement, Nicolas Tenzer, haut fonctionnaire de l’Etat français s’exprime sur son libéralisme, le journaliste lui demande s’il est seul à penser ainsi dans le microcosme des anciens de l’ENA, voici ce qu’il répond :

« Vous êtes plutôt seul en France à parler ainsi ? Non, de nombreux hommes politiques, ainsi Dominique Strauss Kahn ou François Hollande, partagent mes convictions, mais en … privé !
Pourquoi pas en public ? En France, on est dans la conservation. Si les idées libérales ont tant de mal à être entendues, cela tient plus aux élites et aux groupes qui dominent le pays, qu’au pays lui-même ! Prenez le secteur de la fonction publique, j’ai pu constater dans des groupes de travail que les refus de réforme, de fluidité, de mise en concurrence, d’ouverture d’accès aux postes tenait plus à des blocages de grands corps de l’Etat qu’à des pressions d’organismes syndicaux !
La France est impossible à réformer, alors ? Pour qu’elle le soit, il faudrait que chacun renonce à tirer parti pour soi du coté obscur du système. Pour l’instant, chacun essaie de maximiser ses petits avantages et ses privilèges. Résultat, confirmé par tous les sondages: un sentiment extraordinairement fort d’injustice et d’inégalité. D’où des réflexes antilibéraux très marqués. »

Encore à la fin 2010 dans l’affaire des vols de données de la banque HSBC, Nicolas Sarkozy et son Ministre du Budget, Woerth, clamaient haut et fort qu’ils allaient utiliser les listings volés et que détenaient Eric de Montgolfier, procureur de la République à Nice et ceci pour pourchasser les fraudeurs du fisc français. On venait de parler dans les journaux suisses qu’un notaire genevois détenait des preuves que Nicolas Sarkozy, au moment de l’affaire Karachy, avait ouvert lui même des comptes cachés sur la place de Genève à cette époque. Rien de bien nouveau à l’encontre de Me Sarkozy qui justement avait commencé sa carrière d’avocat en ouvrant des comptes off-shore pour ses clients.

Alors quand lors d’une fin de semaine d’un des mois d’automne, le Président de la Confédération Rudolf Merz, avait pris l’avion pour Paris une mallette sous le bras, pour ma part je savais à l’avance, l’objet de sa mission. Et le fait fut là le lundi matin qui suivit. La France annonçait renoncer à utiliser des fichiers volés dans le cadre des procédures fiscales à l’encontre de certains de ses ressortissants ayant mis de l’argent sur des comptes en Suisse. Dans les semaines qui suivaient Eric Woerth n’était plus Secrétaire d’Etat au budget.
Maintenant quand nous apprenons que M. Jerôme Cahusac possède un compte occulte en Suisse depuis 1992, je ne m’en offusque pas plus que cela de la part d’un homme brillant et intelligent. C’est une réaction normale de « bon père de famille » que de protéger son patrimoine des griffes d’un fisc toujours plus gourmand dans un Etat dont les comptes et la raison d’être sont à l’agonie.

Alors qu’est-ce qui m’offusque le plus aujourd’hui et au contraire de ce j’entend jusqu’à la nausée dans tous les médias ? C’est que les oligarchies au pouvoir en France, tant de l’UMP que du PS et depuis plus de trente ans, savent bien que le collectivisme de cet étatisme est létal pour la France et pour les français, mais comme il continue à profiter à tous nos politiciens mercenaires de ce pays où la Fonction Publique tient tous les citoyens en esclavage, ils y trouvent bien mieux leurs comptes.

Et comme promouvoir moins d’Etat et plus de liberté aux gens de faire la France par eux-mêmes leur est par définition moins profitable personnellement, ils ne font rien dans ce sens. Faut-il jeter la pierre à ces mercenaires ? Non, c’est aux électeurs, même s’ils sont bernés pour la plupart, qu’il faut imputer une telle gabegie. Et si le chemin du retour n’est pas pour demain tant le ver ronge profondément le fruit, c’est bien,

Tout le sentiment même de Démocratie qu’il faut accuser et récuser. Une mystification.

dimanche, mars 03, 2013

Le seul chemin pour demain !



Par Ayn Rand en 1944. Traduction de Sébastien Dazy, Institut Coppet

Cela montre bien que la pseudo alternative gauche-droite n'est là que pour nous leurrer et que la philosophie de vie n'est qu'entre individualisme et collectivisme. Ayn Rand toujours aussi bonne analyste de la société.

"La plus grande menace pour l’humanité et la civilisation est la propagation de la philosophie totalitaire. Sa meilleure alliée n’est pas la dévotion de ses adeptes, mais la confusion de ses ennemis. Pour la combattre, nous devons la comprendre.
Le totalitarisme est un collectivisme. Collectivisme signifie la sujétion de l’individu à un groupe – qu’il soit une race, une classe ou un État n’a pas d’importance. Le collectivisme soutient qu’un homme doit être enchaîné à l’action collective et à la pensée collective au nom de l’intérêt du « bien commun ».
Tout au cours de l’histoire, aucun tyran n’accéda jamais au pouvoir sans prétendre représenter « le bien commun ». Napoléon « servit le bien commun » de la France. Hitler est en train de « servir le bien commun » de l’Allemagne. Des horreurs qu’aucun homme n’oserait envisager pour son propre intérêt égoïste sont perpétrées en toute bonne conscience par les « altruistes » qui se justifient au nom du bien commun.
Aucun tyran n’a jamais perduré longtemps par la seule force physique. Les hommes ont été réduits en esclavage avant tout par des armes spirituelles. Et la pire d’entre elles est la doctrine collectiviste qui prétend que la suprématie de l’État sur l’individu constitue le bien commun. Aucun dictateur ne pourrait s’élever si les hommes gardaient comme une foi sacrée la conviction qu’ils ont des droits inaliénables dont ils ne peuvent être dépossédés par aucune cause quelle qu’elle soit, par aucun homme quel qu’il soit, pas plus un malfaiteur qu’un supposé bienfaiteur.
Ceci est le principe de base du concept d’individualisme opposé à celui de collectivisme. L’individualisme soutient que l’homme est une entité indépendante avec un droit inaliénable à la poursuite de son propre bonheur, dans une société où les hommes échangent les uns avec les autres en égaux.
Le système américain est fondé sur l’individualisme. S’il est question de survivre, nous devons comprendre les principes de l’individualisme et les appliquer comme nos critères de jugement à l’égard de toute question d’ordre public, et de chaque problème auquel nous sommes confrontés. Nous devons avoir un credo positif, une foi pure et cohérente.
Nous devons apprendre à rejeter comme une abomination la conception selon laquelle le bien commun est servi par l’abolition des droits individuels. Le bonheur général ne peut pas venir de la souffrance générale et de l’auto-immolation. La seule société heureuse est celle des individus heureux. On ne peut pas avoir une forêt saine à partir d’arbres pourris.
Le pouvoir d’une société doit toujours être limité par les droits inaliénables et fondamentaux de l’individu.
Le droit à la liberté signifie le droit d’un homme à l’action individuelle, au choix individuel, à l’initiative individuelle et à la propriété individuelle. Sans le droit à la propriété privée, aucune action indépendante n’est possible.
Le droit à la poursuite du bonheur signifie le droit d’un homme de vivre pour lui-même, de choisir ce qui constitue son propre bonheur privé et personnel et de travailler à sa réalisation. Chaque individu est le seul et unique juge dans ce choix. Le bonheur d’un homme ne peut pas lui être prescrit par un autre homme ou par un groupe d’autres hommes.
Ces droits sont la possession inconditionnelle, personnelle, privée et individuelle de chaque homme, qui lui sont accordées par le fait de sa naissance et qui lui sont inaliénables. Telle était la conception des fondateurs de notre pays, qui ont placé les droits individuels au-dessus de toutes les revendications collectives. La société ne peut être qu’un agent de la circulation médiateur des relations des hommes les uns avec les autres.
Depuis le début de l’histoire, deux antagonistes se tiennent face à face, deux types opposés d’hommes : les Actifs et les Passifs. L’Homme Actif est le producteur, le créateur, l’auteur, l’individualiste. Son besoin premier est l’indépendance – pour penser et travailler. Il ne veut pas et ne recherche pas le pouvoir sur les autres hommes – il ne peut pas non plus travailler sous aucune forme de contrainte. Tous les types de bons travaux – de la pose de briques à l’écriture d’une symphonie – sont faits par l’Homme Actif. Les degrés de l’habileté humaine varient, mais le principe fondamental reste le même : le degré d’indépendance et d’initiative d’un homme détermine son talent en tant que travailleur et sa valeur en tant qu’homme.
L’Homme Passif se trouve à tous les niveaux de la société, dans les manoirs comme dans les bidonvilles, et sa marque d’identification est sa crainte de l’indépendance. C’est un parasite qui s’attend à être pris en charge par les autres, qui veut suivre des directives, obéir, se soumettre, être réglementé, être instrumentalisé. Il accueille positivement le collectivisme, qui élimine toute possibilité qu’il pourrait avoir de penser d’ou agir de sa propre initiative.
Quand une société est basée sur les besoins de l’Homme Passif, elle détruit l’Homme Actif ; lorsque l’Homme Actif est détruit, l’Homme Passif ne peut plus être pris en charge. Mais quand une société est basée sur les besoins de l’Homme Actif, il porte les Hommes Passifs par son énergie et les élève comme il s’élève, comme il élève la société dans son ensemble. Cela a été le modèle de tous les progrès de l’humanité.
Certains humanistes réclament un État collectif en raison de la pitié qu’ils ont pour l’homme incompétent ou pour l’Homme Passif. Ils souhaitent exploiter l’Homme Actif pour son bien. Mais l’Homme Actif ne peut pas agir sous la contrainte. Et une fois qu’il est détruit, la destruction de l’Homme Passif suit automatiquement. Par conséquent, si la pitié est la première considération des humanistes, alors au nom de la pitié, s’il n’y a aucune autre raison, ils devraient laisser l’Homme Actif libre d’agir, afin d’aider le Passif. Il n’y a pas d’autre moyen pour l’aider sur le long terme.
L’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte entre l’Homme Actif et le Passif, entre l’individuel et le collectif. Les pays qui ont produit les hommes les plus heureux, avec les meilleurs standards de niveau de vie et les plus grandes avancées culturelles, ont été les pays où les pouvoirs du collectif – du gouvernement, de l’État – étaient limités, et où l’individu avait la liberté d’action indépendante. À titre d’exemples : l’essor de Rome, avec sa conception juridique, basée sur les droits du citoyen, bien supérieure au barbarisme collectiviste de son temps. L’essor de l’Angleterre, avec un système de gouvernement fondé sur la Magna Carta, contre l’Espagne collectiviste et totalitaire. L’essor des États-Unis, à un degré de réalisation inégalé dans l’histoire – par la grâce de la liberté individuelle et de l’indépendance que notre Constitution a donné à chaque citoyen contre le collectif.
Alors que les hommes s’interrogent encore sur les causes de l’ascension et de la chute des civilisations, chaque page de l’histoire nous crie qu’il n’y a qu’une seule source de progrès : l’Homme Individuel en action indépendante. Le collectivisme est l’ancien principe de la sauvagerie. L’intégralité de la vie d’un sauvage est régie par les chefs de sa tribu. La civilisation est le processus de libération de l’homme de l’emprise des hommes.
Nous sommes maintenant confrontés à un choix : aller de l’avant ou revenir en arrière.
Le collectivisme n’est pas le « Nouvel Ordre de Demain ». Il est l’ordre du plus sombre obscurantisme du passé. Il existe pourtant bel et bien un Nouvel Ordre de Demain. Il appartient à l’Homme Individuel, le seul créateur de tous les lendemains dont l’humanité a jamais bénéficié."

jeudi, février 07, 2013

Qui a signé le contrat social ?


par Georges Kaplan

Je suis comme Voltaire, je n’aime pas Rousseau. Je n’aime pas Rousseau parce que je ne lui trouve ni qualités morales – un type qui abandonne ses cinq enfants à l’assistance publique pour continuer à mener sa vie de parasite ne mérite que mon mépris –, ni qualités intellectuelles – son Contrat social ne mérite même pas le titre flatteur de théorie ; c’est, au mieux, de la démagogie ; un vœu pieux ; un vague « on n’a qu’à faire comme si… » Mais laissons là M. Rousseau et sa vie misérable, et parlons plutôt de ce contrat social.

Pour qu’un tel contrat existe, il faudrait, quant au fond, que nous en connaissions les clauses et, pour la forme, que nous l’ayons signé ; au moins implicitement.

Le fond de la chose.

Commençons par le fond. Si j’en crois Élisabeth Lévy, qui semble, une fois n’est pas coutume, être d’accord avec M. Hollande, ce contrat serait matérialisé par l’impôt en tant qu’« instrument de la redistribution ». Fort bien. Ainsi donc, pour Élisabeth, notre contrat social se caractériserait par un impôt (fortement) progressif destiné à pourvoir à cette « passion française » (comme nous le rappelle Daoud Boughezala) pour l’égalité des conditions matérielles. C’est-à-dire que notre contrat social serait le Manifeste du parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels. Après tout, là où nous en sommes, pourquoi pas ? Il est bien possible qu’Élisabeth ait raison ; il semble en tout cas que son interprétation de la chose soit parfaitement en phase avec celle de notre personnel politique, d’un extrême à l’autre de l’hémicycle, et avec celle de l’opinion publiée (1).

Ce qui me pose problème ici, c’est que si notre contrat social est le manifeste de MM. Marx et Engels, alors, pardon, mais je refuse obstinément et avec la dernière vigueur d’être engagé par ce texte. Pas un mot, pas même une virgule. Pour moi, le contrat social de la nation française, c’est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ; ce texte manifestement tombé en désuétude qui consacre l’égalité en droits - c’est-à-dire devant la loi – et le principe d’un impôt « également réparti entre tous les citoyens en raison de leurs facultés » (i.e. cette idée dangereusement extrémiste d’une flat tax) dont l’objet est de financer l’entretien de la force publique et les dépenses d’administration (et pas un simulacre de solidarité).

Et donc voilà : manifestement, Élisabeth et moi n’avons signé le même contrat et je suspecte qu’il existe à cet instant précis autant d’interprétations de la chose en question que de lecteurs de cette phrase. Naturellement, c’est un problème ; cela signifie que nous avons tous une interprétation différente de ce pacte qui est supposé définir nos droits et nos devoirs ; les règles fondamentales de notre vie commune. Ainsi, je pose la question : quelle consistance peut bien avoir un contrat qui lie des signataires qui ont tous des interprétations différentes de ses clauses ?

Encore faudrait-il que nous l’ayons signé.

Ce qui m’amène tous naturellement à mon deuxième point ; la condition de forme : j’espère ne choquer personne en affirmant qu’un contrat n’est valide que s’il a été librement signé par les parties qu’il engage. C’est le b.a.-ba. Un contrat qui définit nos droits et nos devoirs sans que nous ayons eu, à aucun moment, l’occasion de le signer ou de n’en rien faire ; un contrat qui s’impose à nous du simple fait de notre naissance ; un contrat dont on nous impose l’exécution avec pour seules alternatives l’exil ou le trépas ; c’est un contrat de servage, d’esclavage ou, plutôt et pour parler justement, ce n’est pas un contrat du tout.

Or voilà, je ne sais pas pour vous, mais il se trouve qu’en ce qui me concerne, c’est tout à fait le cas : je n’ai pas signé ce contrat, il ne s’impose à moi que parce que je suis né français et les seuls moyens dont je dispose pour y mettre fin sont la fuite ou la mort. Permettez-moi d’insister sur ce dernier point : si vous êtes partisan du contrat social de MM. Marx et Engels – taux d’imposition prohibitif, règlementation invasive, interventionnisme et redistribution à tous les étages – sachez que moi, je ne le suis pas. Je n’y consens pas et la seule raison qui fait que j’obtempère, c’est que vous m’y forcez ; c’est le prix que vous exigez pour me laisser vivre dans le pays de mes ancêtres.

Élisabeth écrit qu’« il en va de l’impôt comme du contrat social : ils n’existent pas sans coercition, et pas non plus sans consentement. » Je répondrais sur le contrat social comme Murray Rothbard répondait sur l’impôt : il suffirait de laisser chacun décider librement s’il souhaite ou non payer l’impôt qu’on lui réclame pour démontrer qu’au regard du taux et des contreparties, il y a là beaucoup de coercition et bien peu de consentement.

Le refonder ou cesser d’en parler.

Alors voilà, au risque de choquer les bonnes âmes : un contrat que personne n’a signé et dont personne ne connait les clauses, n’existe tout simplement pas. Laissez-moi dire les choses bien nettement : nous n’avons pas de contrat social. Voilà bien longtemps que la DDHC de 1789 a cessé d’être notre Bill of Rights (2), que nos gouvernants s’assoient dessus et que nos concitoyens s’en moquent comme d’une guigne. Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer les motifs qui ont amené notre Conseil constitutionnel à invalider la taxe « lutte des classes » de M. Hollande : dans ce texte en contradiction totale avec et l’esprit et la lettre de la DDHC, ils n’ont trouvé qu’un obscur point de détail à ronger.

Et pourtant, Dieu sait que nous aurions besoin d’un contrat social. Si ceux qui nous ont précédés ont prit tant de soins à rédiger notre DDHC, le Bill of Rights américain, la Pétition des droits anglaises ou la Grundgesetz allemande (3), ce n’est pas pour tuer le temps mais bel et bien que ces hommes qui avaient connu l’arbitraire étaient bien placés pour mesurer à quel point tout pouvoir, fût-il démocratique, doit avoir des limites.

Voilà la véritable nature du contrat social : c’est un ensemble de principes qui définit les droits du citoyen en tant qu’individu et, par là même, les limites du pouvoir ; c’est la loi fondamentale qui s’impose au pouvoir lui-même. C’est de ces textes que naissent les nations de citoyens par opposition aux peuples de sujets ; c’est pour les défendre que des générations d’hommes ont risqué leur vie et l’on si souvent perdue ; c’est un de ces textes, la DDHC de 1789, qui formait le socle de notre patrie jusqu’à ce que nous l’abandonnions pour poursuivre les fantasmes de M. Rousseau.

« Les Français vont instinctivement au pouvoir ; ils n’aiment point la liberté ; l’égalité seule est leur idole. Or l’égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. (4) » Peut être un jour ferons-nous enfin mentir Chateaubriand. Peut-être un jour cesserons-nous de vouloir faire de notre République un république sociale ; ce « mot ambigu, notait Hayek, qui a acquis le pouvoir de vider les noms qu’il qualifie de leur signification. » Peut-être un jour arrêterons-nous de poursuivre la chimère égalitariste (5) et reprendrons-nous possession de notre liberté. Mais d’ici là, de grâce, cessez d’invoquer le contrat social.



1. Point Winston Churchill : « il n’existe rien de tel qu’une opinion publique ; il n’existe qu’une opinion publiée. »
2. Les dix premiers amendements de la Constitution des États-Unis ; probablement le meilleur texte constitutionnel, le meilleur contrat social jamais écrit à ce jour.
3. Grundgesetz für die Bundesrepublik Deutschland, la loi fondamentale allemande adoptée en 1949.
4. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe.
5. « En général, en France, on abandonne trop volontiers la liberté, qui est la réalité, pour courir après l’égalité, qui est la chimère. C’est assez la manie française de lâcher le corps pour l’ombre. » Victor Hugo à sa femme, le 6 juillet 1836.

dimanche, janvier 27, 2013

Il n’y a de richesses que d’homme !


(Jean Bodin 1529-1596 en Anjou)
C’est tous les jours que l’actualité nous permet de vérifier cet aphorisme. La loi des nombres a voulu que ce soit pour le 100ème article de mon blog de libertarien. Je m'en félicite.

Ce matin encore dans l’actualité chinoise relatée sur BFM par des yeux de journalistes français, on nous parle des chinois en Afrique. Et l’image qui nous en est donnée, une fois de plus, est tellement superficielle que l’on peut se demander s’il existe le moindre sens critique et d’intelligence chez cette classe de la population qui, pourtant, entend bien nous donner des leçons.

Les chinois en Afrique au 21ème siècle, ce ne sont pas les chinois des lendemains des indépendances. Ceux-là sont bien vite partis s’apercevant qu’ils ne pouvaient rien faire des africains, surtout de leurs élites ivres de leurs nouvelles « émancipations». Maintenant, ils viennent, bâtissent des routes et des ponts et emportent leurs matières premières pour les transformer soit en Chine soit dans d’autres pays manufacturiers. Au dire de ces journalistes, ces africains modernes contesteraient de plus en plus ce modèle économique qui reviendrait ni plus ni moins qu’à un pillage de leurs ressources.

Mais peut-on appeler ressources des richesses minières ou sylvestres ? Qu’est le pétrole sans le moteur à explosion ? Rien si ce n’est une boue noire. Qu’est le bois précieux sans ébénistes ni clients demandeurs de produits finis et mis en valeur. Les africains en particulier ont ces ressources mais qu’en font-ils, que peuvent-ils en faire ? Rien, car le modèle économique de leurs mises en valeurs sont devant leurs yeux et l’Histoire montre qu’ils ne peuvent rien en faire.

Parce que pour mettre en valeur des ressources, qu’elles soient humaines ou minières, il faut deux choses : du capital et de l’esprit d’entreprise. Les africains n’ont, ni ne peuvent avoir, ni l’un ni l’autre. C’est contraire à leurs valeurs ancestrales. Cela n’a rien à voir avec le degré d’intelligence que l’on peut trouver chez certains d’entre eux, cela dépend seulement de l’environnement africain. Pour avoir du capital il faut déjà qu’il y ait un cadastre rendant opposable à tous les droits de propriétés, comme l’a brillamment démontré le péruvien Hernando De Soto et la capacité à mobiliser ce capital en le donnant en garantie.

Ensuite l’esprit d’entreprise, ceux qui pourraient l’avoir, formés hors de l’Afrique savent bien qu’il n’y a rien à faire pour eux dans leurs pays et ils restent bien souvent après leurs formations dans les pays qui les ont formés. Il aurait fallut que ces formations se fassent dans leurs pays pour avoir la chance d’en conserver quelques uns sur place. Mais ces élites sont recrutées alors par les tenants des pouvoirs en place et dans la nomenklatura de ces Etats, quel intérêt pour eux d’entreprendre dans le privé ? En Afrique les gens vivent au jour le jour. Et en fonction de ce qu’il gagne l’africain donnera à manger à 10 ou à 100 des siens selon ses moyens. Ne pas le faire c’est être mis au ban de son clan et plus bien souvent, de la part de ceux qui n’ont rien à perdre. Comment accumuler du capital dans ces conditions ? Et avec quelle pérennité quand le droit de propriété varie avec les tenants du pouvoir.

Pour l’Afrique une seule voie d’un début de mise en valeur sur place, passera immanquablement par le retour des colons. Par la création d’écoles et la formation à des métiers de transformation de leurs ressources sur le moyen terme. Qui veut y retourner pour s’y coller ? Les dirigeants de ces pays le veulent-ils seulement ? Dans tous les attendus de cette problématique. Ce ne sera pas demain la veille je le crois. Surtout quand tout ce que les médias déversent sur ces pays c’est que le colon est un exploitant de « leurs masses laborieuses ».

Cette vision très simple du problème africain nous montre bien que sans les hommes, rien ne se fait. Non seulement des hommes mais aussi le système de valeurs chrétien qui va responsabiliser le travail de chaque individu. La création de richesse et avec les moyens de communications du monde entier est simple à analyser, pour voir les peuples qui s’enrichissent et qui créent de la croissance et ceux qui végètent avant de régresser. Il y faut bien sur de la formation, mais aussi du travail et donner à chacun selon son mérite. L’expérience française de ces 30 dernières années et son paroxysme de 2013, va montrer in situ que faire travailler les individus pour le bien des autres ne peut pas marcher. Le réveil sera douloureux, mais il faut en passer par là pour que cela rentre bien dans la majorité des têtes. Quel ouvrage prophétique que celui d’Ayn Rand en 1957.
Si vous n’avez pas encore lu « La Grève », merveilleuse traduction de l’anglais d’ « Atlas Shrugged », faites-le, car vous le ferez tôt ou tard pour mieux voir où va la France.

Soit le pouvoir d’un Etat quel qu’il soit, va s’appuyer sur le génie entrepreneurial de certains d’entre ses citoyens en leur donnant une juste récompense, soit il va devoir se passer d’eux et mourir. Et sa population avec lui. Jean Bodin, il y a bientôt 500 ans savait déjà cette évidence que semblent avoir oubliée tous ceux qui, en France en particulier, briguent nos suffrages et l’honneur de diriger nos vies. Et comme notre pays n’est pas « riche » de ces hommes là, nous descendons tous les jours un peu plus dans l’enfer social. Qui va pouvoir leur apporter la lumière ?