mercredi, avril 03, 2013
La leçon Cahuzac
J’essaye de regarder plus loin que le chiffon rouge que les médias se plaisent à agiter devant nos yeux. Je ne suis pas Médiapart et n’ai pas d’informations sensationnelles à sortir de mon chapeau. Je n’essaye qu’à mettre bout à bout et au fil des années, toutes les informations que les médias finissent par « sortir ».
Et tout ceci me conduit à voir dans cette affaire un plus grand scandale encore que ne peut l’être le mensonge de Cahuzac ou encore la « possession d’un compte non déclaré en Suisse.
Quand en mars 2007 dans une interview du journal Coopération distribué en Suisse chaque semaine par millions d’exemplaires gratuitement, Nicolas Tenzer, haut fonctionnaire de l’Etat français s’exprime sur son libéralisme, le journaliste lui demande s’il est seul à penser ainsi dans le microcosme des anciens de l’ENA, voici ce qu’il répond :
« Vous êtes plutôt seul en France à parler ainsi ? Non, de nombreux hommes politiques, ainsi Dominique Strauss Kahn ou François Hollande, partagent mes convictions, mais en … privé !
Pourquoi pas en public ? En France, on est dans la conservation. Si les idées libérales ont tant de mal à être entendues, cela tient plus aux élites et aux groupes qui dominent le pays, qu’au pays lui-même ! Prenez le secteur de la fonction publique, j’ai pu constater dans des groupes de travail que les refus de réforme, de fluidité, de mise en concurrence, d’ouverture d’accès aux postes tenait plus à des blocages de grands corps de l’Etat qu’à des pressions d’organismes syndicaux !
La France est impossible à réformer, alors ? Pour qu’elle le soit, il faudrait que chacun renonce à tirer parti pour soi du coté obscur du système. Pour l’instant, chacun essaie de maximiser ses petits avantages et ses privilèges. Résultat, confirmé par tous les sondages: un sentiment extraordinairement fort d’injustice et d’inégalité. D’où des réflexes antilibéraux très marqués. »
Encore à la fin 2010 dans l’affaire des vols de données de la banque HSBC, Nicolas Sarkozy et son Ministre du Budget, Woerth, clamaient haut et fort qu’ils allaient utiliser les listings volés et que détenaient Eric de Montgolfier, procureur de la République à Nice et ceci pour pourchasser les fraudeurs du fisc français. On venait de parler dans les journaux suisses qu’un notaire genevois détenait des preuves que Nicolas Sarkozy, au moment de l’affaire Karachy, avait ouvert lui même des comptes cachés sur la place de Genève à cette époque. Rien de bien nouveau à l’encontre de Me Sarkozy qui justement avait commencé sa carrière d’avocat en ouvrant des comptes off-shore pour ses clients.
Alors quand lors d’une fin de semaine d’un des mois d’automne, le Président de la Confédération Rudolf Merz, avait pris l’avion pour Paris une mallette sous le bras, pour ma part je savais à l’avance, l’objet de sa mission. Et le fait fut là le lundi matin qui suivit. La France annonçait renoncer à utiliser des fichiers volés dans le cadre des procédures fiscales à l’encontre de certains de ses ressortissants ayant mis de l’argent sur des comptes en Suisse. Dans les semaines qui suivaient Eric Woerth n’était plus Secrétaire d’Etat au budget.
Maintenant quand nous apprenons que M. Jerôme Cahusac possède un compte occulte en Suisse depuis 1992, je ne m’en offusque pas plus que cela de la part d’un homme brillant et intelligent. C’est une réaction normale de « bon père de famille » que de protéger son patrimoine des griffes d’un fisc toujours plus gourmand dans un Etat dont les comptes et la raison d’être sont à l’agonie.
Alors qu’est-ce qui m’offusque le plus aujourd’hui et au contraire de ce j’entend jusqu’à la nausée dans tous les médias ? C’est que les oligarchies au pouvoir en France, tant de l’UMP que du PS et depuis plus de trente ans, savent bien que le collectivisme de cet étatisme est létal pour la France et pour les français, mais comme il continue à profiter à tous nos politiciens mercenaires de ce pays où la Fonction Publique tient tous les citoyens en esclavage, ils y trouvent bien mieux leurs comptes.
Et comme promouvoir moins d’Etat et plus de liberté aux gens de faire la France par eux-mêmes leur est par définition moins profitable personnellement, ils ne font rien dans ce sens. Faut-il jeter la pierre à ces mercenaires ? Non, c’est aux électeurs, même s’ils sont bernés pour la plupart, qu’il faut imputer une telle gabegie. Et si le chemin du retour n’est pas pour demain tant le ver ronge profondément le fruit, c’est bien,
Tout le sentiment même de Démocratie qu’il faut accuser et récuser. Une mystification.
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