Bruno Frey lauréat du Prix Röpke pour ses travaux sur l’Europe
par Emmanuel Garessus, éditorialiste au journal Le Temps
L’économiste a créé un concept d’UE à plusieurs vitesses, une approche basée sur la résolution de problèmes concrets plutôt qu’un modèle centraliste
Bruno S. Frey, l’un des économistes suisses les plus connus et réputés à l’étranger, a été récompensé du Prix Röpke 2012 jeudi soir à Zurich.
Décerné par l’Institut Libéral en l’honneur du professeur à HEI Genève (de 1937 à 1966) et inspirateur du modèle d’économie de marché en Allemagne, Bruno S. Frey est récompensé, vingt ans après le non à l’EEE, pour ses idées en faveur d’une Europe de la diversité qui contraste avec l’UE actuelle. Professeur à l’Université de Warwick et fondateur du Center for Research in Economics (CREMA) de l’Université de Zurich, le chercheur a toujours critiqué le modèle centraliste de l’Union européenne. Bruno S. Frey, connu pour ses travaux sur l’économie du bonheur et de l’art, est d’ailleurs coauteur avec Georg Rich, ancien chef économiste de la BNS, du livre «franc suisse ou euro» (1999) où il détaillait les défauts structurels de la monnaie unique.
Dans son allocution, Bruno S. Frey a proposé une approche totalement décentralisée et flexible, une UE fondée sur la concurrence des régions, et non l’harmonisation. «Il existe une alternative à l’UE actuelle», a-t-il expliqué aux 150 personnes présentes.
Son modèle s’inscrit dans une sorte d’Europe à la carte. La recherche de solutions aux problèmes concrets doit être le point de départ de la construction européenne. A cette fin, il a développé le concept d’entités politiques endogènes (EPE) selon lequel seules les entités politiques les plus petites (cantons, communes, quartiers) peuvent gérer un problème au moindre coût. Il se fait l’avocat d’une Europe de bas en haut et non centralisée. «Pour résoudre les problèmes touristiques du lac de Constance, les décideurs de la région, Suisses, Autrichiens et Allemands doivent se réunir, débattre et trouver un consensus. Ce n’est ni à Berlin, ni à Berne, ni à Bruxelles de s’en occuper», a-t-il expliqué. De même pour les nuisances sonores de l’aéroport de Zurich. Les EPE doivent être organisées démocratiquement et légitimées.
Bruno S. Frey s’insurge contre une UE organisée en Etats nations, sur la base de structures territoriales. «Pourquoi faudrait-il qu’un Etat candidat à l’adhésion soit obligé de reprendre intégralement les 170 000 pages de lois de l’acquis communautaire? C’est une forme d’arrogance de croire qu’il s’agit d’une vérité absolue», a-t-il affirmé.
Son idée des EPE offrirait aussi une réponse aux désirs d’autonomie des Basques, Catalans ou Irlandais. Ainsi qu’aux besoins de coopération avec la Turquie.
De facto, l’EPE de Bruno S. Frey se réfère à l’Europe des origines, celle de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et sa logique de paix et de coopération économique.
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